Histoire

Ville de Saint-Colomban

La municipalité de Saint-Colomban a obtenu son statut de ville en 2010. Chasseurs et trappeurs, agriculteurs ayant émigré d’Irlande puis d’Ukraine, de Pologne et de Russie, ainsi que villégiateurs venus des villes voisines ont tour à tour occupé le territoire. Un nombre croissant de jeunes familles viennent maintenant s’y installer.

Origine du nom de la Ville de Saint-Colomban ?

Considéré comme le saint patron des Irlandais, Saint Colomban était un moine irlandais qui a évangélisé les populations campagnardes de Gaule, d’Allemagne, d’Helvétie et d’Italie.

Vers 1820 : Colonisation

Avant l’arrivée des premiers colons vers 1820, les terres du territoire qui appartenaient officiellement à la seigneurie du Lac des Deux-Montagnes n’étaient qu’une vaste forêt presque inhabitée, fréquentée par les chasseurs et trappeurs circulant sur la rivière du Nord. Les premiers colons venus s’établir ici sont surtout des Irlandais catholiques qui occupent d’abord des lots de colonisation le long de la rivière du Nord et avancent par la suite vers l’intérieur des terres.

1835 : Formation de la paroisse

Jusqu’à la Première guerre mondiale, les Irlandais forment la majorité de la population. En 1831, ils font ériger une chapelle et, en 1835, la paroisse est constituée. Le premier curé, Étienne Blyth, est d’origine irlandaise. En 1837, un groupe d’Irlandais de la région se joint à la Rébellion des Patriotes.

Vers 1840, la population atteint un sommet d’environ 1000 habitants. Vingt ans plus tard, une église est érigée –l’église actuelle– pour remplacer la chapelle devenue trop exigüe. Un complexe de moulins hydrauliques se trouvait également sur le chemin de la Rivière-du-Nord, à l’intersection de l’actuelle montée Cyr. À cette époque, les Colombanois vivaient principalement du commerce du bois et de l’agriculture.

1930 : L’arrivée de nouveaux immigrants

À partir des années 1855-60, la population commence à diminuer en raison de la pauvreté du sol déjà épuisé par une première génération d’agriculteurs. Ainsi, en 1911, il ne reste plus que 291 personnes. Vers 1930, de nouveaux immigrants en provenance d’Ukraine, de Pologne et de Russie viennent occuper les terres désertées par les Irlandais. L’arrivée des nouveaux immigrants contribue à la remontée de la population.

1960 à 1970 : L’époque des villégiateurs

Dans les années 1960, des villégiateurs venus de Montréal, Laval, Saint-Eustache et d’autres municipalités voisines se construisent des chalets sur le territoire. La création par les villégiateurs d’une dizaine de lacs artificiels influencera dans une certaine mesure l’urbanisation de Saint-Colomban.

1969 : Implantation de l’aéroport international de Montréal à Mirabel

L’attrait de Saint-Colomban pour les familles s’accentue à la suite du développement du réseau routier et de l’implantation en 1969 de l’aéroport international de Montréal, à Mirabel.

1990 à 2000: Croissance de la construction domiciliaire

Dans les années 1990 à 2000, la croissance de la construction domiciliaire à Saint-Colomban marque un nouveau virage. La venue de grandes entreprises à Mirabel telles que Bell Helicopter, Bombardier et Messier Downty ont incité davantage les familles à emménager à Saint-Colomban. 

Saint-Colomban : Une épopée irlandaise au piémont des Laurentides

Le livre Saint-Colomban, une épopée irlandaise au piémont des Laurentides, de Claude Bourguignon,  ethnologue, est disponible à la bibliothèque municipale et à l'hôtel de ville au coût de 10 $.

Personnages marquants

Mike Wierzbicki (1923-2017), le jardinier de la côte Saint-Paul

Le 15 décembre 2017 avaient lieu les funérailles de Mike Wierzbicki, résident de Saint-Colomban depuis plus de 59 ans. Si ce nom ne vous est pas familier, celui de «jardinier de la côte Saint-Paul» vous dira sans doute quelque chose. Natif d’Europe de l’Est, Mike avait fait de Saint-Colomban, son pays.

Deux ans après la naissance de Mike en 1923, son père cherchant une vie meilleure pour les siens, part en pionnier, traverse l’Atlantique et s’installe à Saint-Colomban dans l’espoir d’y faire venir sa famille. Toutefois, la crise de 1929 et les contrôles frontaliers rendent vaines toutes les tentatives des époux. Ainsi, Mike vivra seul avec sa mère, sa sœur et sa grand-mère dans un pays instable.  En 1940, la Seconde Guerre éclate. C’est l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, les gens sont déportés ou envoyés dans des camps de travail. Mike est l’un de ceux-là; il n’a que 18 ans. Il est déporté en Allemagne pour travailler sur une ferme. Il doit cultiver les champs et élever le bétail. Bien que la vie y fût dure, Mike y est relativement heureux, car il n’est pas dans un camp avec des barbelés et des contrôles. Grâce à sa grande capacité de travail et à son tempérament, il restera sur la ferme jusqu’en 1945 puisqu’il y est apprécié.

À la fin de la guerre, sur le chemin du retour, il rencontre Hélène, qui deviendra son épouse et la mère de ses deux enfants. Encore une fois, la vie n’est pas facile, car les nouveaux envahisseurs, les Russes, n’apportent rien de positif dans sa vie.

Sur l’insistance de son père, le grand John Wierzbicki, «Big John» comme on le surnommait, Mike décide d’entreprendre des démarches pour venir vivre à Saint-Colomban. Après avoir amassé les fonds nécessaires, Mike et sa famille prennent le bateau et entreprennent la longue traversée. Finalement, ils débarquent à Halifax et montent dans le train en direction de Montréal.

Ils arrivent finalement à Saint-Colomban, mais un choc les attend. La «ferme» paternelle ne possédait pas de terres cultivables et la maison n’offrait aucun confort et ne pouvait accueillir convenablement la famille. La déception est telle que Mike et son épouse pensent même retourner en Pologne…

Finalement, une fois de plus, Mike fait preuve de courage, se retrousse les manches, se cherche un emploi et un logement à Saint-Colomban. Il travaillera au Club de golf Bonniebrook et inscrira ses deux enfants à l’école du village. Nous sommes en 1959.

Mike travaillera 25 années au club de golf de monsieur Perrin, où il entretiendra le terrain, mais surtout les verts. Ceux-ci étaient ses «bébés». Il fallait le voir, le matin, avant le lever du soleil, partir avec sa grande perche en bambou (environ 20 pieds de long) tournoyant sur les verts afin de faire tomber les gouttes de rosée attachées aux grains d’herbe. Tous les verts devaient être asséchés avant que les rayons du soleil ne brûlent le gazon!

L’hiver, il coupait du bois pour faire des matériaux de construction. Au cours des années, il a construit trois maisons pour héberger sa famille.

Les années passent. Il marie ses deux enfants qui s’établissent également à Saint-Colomban. Même si Mike finit par prendre sa retraite, il n’arrêtera jamais de travailler la terre et son jardin, qui étaient sa fierté et sa passion. C’est ainsi que, jusqu’à l’été dernier, on pouvait voir Mike cultiver ses légumes et combattre les mauvaises herbes. Pour son plus grand plaisir, il était souvent interrompu par les gens qui s’arrêtaient pour jaser et l’écouter raconter ses histoires. Il était un excellent conteur et sa mémoire était infaillible. Il vous regardait avec ses yeux bleus, toujours aussi enjoués et vifs, et vous entretenait dans une langue qui était une mosaïque entremêlant le français, l’anglais, le polonais et le russe. Il nous parlait de ses années en Allemagne, de son arrivée à Saint-Colomban, et il ne manquait jamais de dire que le Canada était le meilleur pays au monde et qu’il se considérait chanceux d’avoir pu y vivre!

Dorénavant, sa chaise restera vide, mais chaque fois que nous passerons devant son jardin, nous continuerons de le saluer en pensées. Si Mike se considérait chanceux de vivre à Saint-Colomban, nous aussi, nous nous considérons privilégiés de l’avoir connu.

(Remerciements à Élaine Lavoie et Denys Kavanagh pour la rédaction de ce texte-hommage)

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